Chapitre 1

Je me présente, je suis une petite fille d’un peu plus de huit ans, mais beaucoup de grandes personnes me disent assez mature pour mon âge. Je m’appelle Haruka, mes parent disent que c’est parce qu’ils trouvaient ce nom assez joli. Mes cheveux sont blancs, mes parents disent que c’est normal, mais je sais bien que c’est faux, à l’école, tout les autres enfants se moquent de moi, d’une certaine manière, je les comprends, ils n’ont pas tout à fait tord, ils ont tous la même couleur de cheveux que leurs parents, pas moi : mon père est brun et ma mère est brune également.

Demain, je vais à l’école, les vacances se finissent, ce soir je vais me coucher tôt ; je n’aime pas vraiment l’école, les autres enfants sont méchants, ils me laissent toute seule dans mon coin, pendant les cours, je suis toute seule à ma table ; mais finalement, je préfère ne rien dire à papa et maman, les autres élèves m’en voudraient, et je pourrai encore moins les approcher, cela vaut mieux. Après le repas, je vais me coucher, sans dire un seul mot, je monte le perpétuel escalier menant à l’étage, il est si grand, pour moi bien sûr, moi qui ai de si petites jambes. Comme d’habitude, le repas de ce soir m’a rendu indifférente ; mes parents me disent que telle chose est bonne, que celle-ci à moins bon goût, mais tout ce qu’ils disent, je n’y comprends rien, pour moi, tous les aliments sont pareils, mais j’acquiesce pour leurs faire plaisir ; on me dit aussi que je mange de tout, ce qui est une bonne qualité pour un enfant de mon âge. Finalement, je me couche et m’endors aussitôt.

Ca y est, je vais à l’école, maman m’y accompagne, nous y allons à pieds, l’école n’est pas trop lointaine ; je fais mine d’être heureuse à l’idée d’aller à l’école, finalement, cela ne change rien, de toute façon, j’y aurai été, c’est obligatoire. Dans la rue, il n’y a pas beaucoup de monde, c’est normal, il est trop tôt, pourtant, par rapport à d’habitude, on peut dire qu’il y a du monde, un groupe d’environ cinq personne est dans la rue. Soudain, tout devint sombre autour de moi, les couleurs de cette rue, d’habitude si vive semblaient être aspirées par une des personnes du groupe, ils étaient tous en noir, sauf celui du milieu, celui qui aspirait les couleurs, il semblait se concentrer, il parlait avec une voix calme et posée, mais malgré cela, sa voix me paraissait très forte, elle résonnait à l’intérieur de ma tête, elle était si forte : Je le sens ! Il est proche ! Ah...

L’individu s’écroula par terre, il me faisait peur, je couru rejoindre maman, m’agrippant à son bras de toutes mes forces, elle me regarda avec un grand sourire. J’ai du avoir un étourdissement ou quelque chose comme ça.

Nous arrivions à l’école, la rue avait repris ses si belles couleurs vives, j’étais rassurée, ma mère entra avec moi, alla discuter avec les autres mère. Me laissant... seule. La cloche sonna, nos mères s’en vont, nous rentrons. En cours, j’écoute le professeur, j’entent les autres enfants pouffer, je reçoit un bout de gomme, je ne dit rien, je ne réagit pas de peur de me faire réprimander. Après tout, ils finiront par ne plus avoir de gomme. Etant située sur le rang le plus à gauche de la salle, je peux regarder par la fenêtre ; je regarde donc dehors, ces couleurs me font penser à autre chose, provoquant en moi un sentiment d’émerveillement. Puis ce même sentiment de noirceur que tout à l’heure, ces couleurs qui disparaissent, ce même personnage, il me fixe, je devient pâle, il se met à sourire en me voyant pâlir, cela le rendrait-il heureux de me voir si pâle, ou bien cela peut-être autre chose ; j’entends le professeur qui m’appelle, je mets quelques secondes à détourner mon regard du sien, son regard à l’air si flamboyant, il crépite comme du feu. Finalement, je m’en détourne et regarde le professeur qui ne cessait de m’appeler. Le son de sa parole résonne dans ma tête, ma vue se trouble, mes yeux s’en retournent dans leurs paupières, mes forces se dissipent, je sait malgré moi que je pâli ; j’eu le temps de la voir pousser un cri, je tombe par terre, mes muscles n’ont plus aucune force, j’entends toujours les rires des enfants, si heureux de me voir me faire du mal, j’entends aussi les pas précipités de la jeune institutrice, elle court vers moi, puis, plus rien, le noir complet.

Ce noir n’est pas comme les autres, il a quelque chose de surnaturel, dans ce noir, je distingue cependant une silhouette, elle s’approche de moi, ce noir si pur semble venir d’elle, puis, des détails sont visibles. Je distingue la même personne qu’avant, c’est un garçon d’environ dix-sept ans, il faut reconnaître qu’il a cependant un charme fou, ses cheveux sont blonds, ébouriffés, une corne nacrée sort par le côté droit de sa chevelure, il porte des vêtements blancs amples, des motifs de flammes grises blafardes les décorent, derrière lui, une petite queue fourchue, de la même pâleur que sa peau, s’ondule dans son dos. Trois petites boules argentées et luisantes volent dans un sinistre ballet autour de lui, il n’est plus si terrifiant qu’il l’était avant, il a même l’air amical...

Cette silhouette s’éloigna, disparaissant peu à peu, laissant place à un grand halo de lumière blanche, argentée et éblouissante. J’ouvre péniblement les yeux, je suis allongé, j’essaye de me redresser, je n’y arrive pas, dans un grand élan de courage, je me relève, mais mes muscles sont encore trop faibles ; je ne reconnais pas cet endroit, je pose mon regard un peu partout, mais à part des grands draps verts tombant autour de mon lit, je ne vois rien, ils sont attachés à des tringles en métal elles mêmes suspendues à une barre du même métal. Il y a autour de moi une odeur de brûlé et de produits chimiques qui m’irritent le nez, c’est très désagréable. Puis, après un certain silence, une petite agitation survient dans ce qui semblerait pouvoir être un couloir, cela s’approche de moi, puis dans cette tintamarre de métal et de bruits de pas, je parviens à distinguer un bruit que je n’avais presque jamais entendu auparavant. Je n’appris plus tard que ce n’était qu’un sanglot. Puis je reconnu cette voix déformé par la tristesse, c’était celle de ma mère, que fait-elle là ? Ne devrait-elle pas être à la maison ? Entre ces draps verts, je perçois la présence d’une horloge, elle indique onze heures et demie, je réussi à me lever, mes muscles se sont presque remis en forme instantanément, je passe cette barrière de tissu, regarde autour de moi, je suis dans une chambre, un peu bizarre, mais on reconnaît néanmoins une chambre. J’entrevois la nuit à travers les rideaux d’une fenêtre, il fait déjà nuit ! Combien de temps suis-je restée inconsciente ? Soudain, des personnes font irruption dans la pièce, ils ont un brancard vide avec eux, ma mère est de l’autre côté de la porte et les suit. C’est la stupéfaction générale au moment où ils me voient, ils se mettent à reculer dans un comportement de personnes terrorisées à la seconde même où je pose mon regard sur eux. Ma mère se faufile à travers le groupe d’hommes, elle aussi est décontenancée un instant, puis elle s’approche de moi, et, dans un sanglot avec une sonorité différente de celui de tout à l’heure, elle me serre dans ses bras, alors, stupéfaite, et avec une indifférence totale, je la serre également dans mes bras. Des larmes chaudes et sèches coulent de ses yeux, comme si toutes les larmes de son corps avaient déjà coulé. Plus personne ne parle plus de cette histoire à la maison, cela fait trop de peine à mes parents, ou bien trop peur, je ne sait pas quels sentiments ils peuvent bien éprouver, d’ailleurs, cela m’est égal. J’essaie de tout oublier, mais cela m’est quasiment impossible, à l’école, les enfants s’efforcent de me le rappeler, je suis de plus en plus la cible d’insultes et de petites crasses ; j’ai d’ailleurs reçu un coup de poing, les professeur sont pourtant intervenus, mais au fond de moi, je sais tant bien que mal que je les effraie. Aujourd’hui, en cours, l’atmosphère est différente, je ne suis plus le centre d’intérêt de la classe ; en effet, en classe, nous allons recevoir un nouveau camarade de classe, c’est l’agitation générale, l’excitation ce fait sentir, même si j’ai toujours le droit à quelques remarques, on m’ignore. Ce n’est pas si mal, je préfère cela comme ça. Moi, je me moque bien de ce nouvel élève, à mes yeux, il n’est rien de plus qu’un bourreau supplémentaire, après quelques temps, il finira bien par accomplir ce que les autres ont déjà fait, il me torturera comme les autres, ces autres si méprisables. Je m’allonge sur la table, regarde par la fenêtre, toute seule, au premier rang, isolée. Il entre, après trois demi-secondes de silence, des chuchotements se font entendre, une armée de chuchotement, comment pourrait on susciter autant de chuchotement, de toute façon, il faut bien que je regarde ce de quoi il a l’air. Mêlant à la fois excitation, angoisse et curiosité, je fini par tourner mon regard vers lui. Je reste stupéfaite, cela me parait impossible. Il a également les cheveux blancs, ces yeux sont marrons. Il a un visage pâle, il a malgré tout un petit sourire aux lèvres, comme si il était satisfait de quelque chose. Toujours est-t-il que je ne sais pas si j’étais heureuse ou triste de ce nouvel arrivant.

Cela ne change pas la façon de penser des élèves, qui continuent de me mépriser, mais qui n’adressent pas la parole à cet étranger, je crois qu’il s’appelle Ayato. Aujourd’hui, il vient m’adresser la parole durant la récréation, me demandant mon nom, où j’habite et d’autres information. Cela ne plaît malheureusement pas à mes geôliers qui s’empressent de venir. Ils commencent à le frapper, je suis pétrifié, je n’ose pas bouger, j’aimerai crier, mais je n’y arrive pas. Soudain, les autres enfants se mettent à reculer, saisi d’angoisse, ils paniquent, ils sont effrayés. Au milieu du cercle humain, Ayato se tient droit, un regard empli de haine, il tient un enfant par la gorge, celui-ci devient pâle. Ayato se met à rire, il rit d’un rire malsain, sadique, il sourit ; ses yeux se mettent à briller d’un rouge flamboyant, on dirait presque une sorte de démon. La gorge de l’enfant se met à craquer, il est suspendu au dessus du sol. Je me jette sur le bras de Ayato, en fait, cela ne ressemble plus vraiment à un bras, mais à une sorte de grosse patte griffue. Je lui fait lâcher prise. L’enfant retombe et s’enfuit sans demander son reste. Ayato se calme, comme si un esprit lui dictait quoi faire et qu’il suivait ces indications avec une impartialité déconcertante.

Les professeurs accourent, ils paniquent eux aussi. Je me mets à douter, vais-je me transformer comme cela moi aussi ? Ayato se met à courir, il saute par dessus la grille de l’école, il s’enfuit. Maintenant, les écoliers, déconcertés, me regardent avec une peur incontrôlée, si je les regarde, ils reculent de trois pas et émettent un petit couinement ; je suis observée de tout le monde, on me regarde comme si j’étais un monstre. Je me met à pleurer, je n’ai envie que d’une seule chose, retrouver mes parents. Comme Ayato, je me met à courir, je ne m’arrête pas, je continue, des larmes coulent sur mes joues, que faire. J’arrive à la porte de l’école, elle est fermée. Je la secoue de toutes mes forces. Cette violence la fait sortir de ses gonds, je peux sortir. Ma maison n’est pas loin. Je me demande quelle sera la réaction de mes parents ; seront-ils inquiets, mécontents, effrayés, je m’en moque, je veux avant tout revoir mes parents. J’arrive à la maison, la porte est ouverte. Je me calme, inquiète, je rentre doucement. Qu’a-t-il bien pu se passer ? J’entends des bruits dans le salon. Je m’approche, l’air est lourd. La porte est entrouverte. Je ne veux même pas voir ce qu’il s’y passe. J’entends des hurlements, ce sont ceux de ma mère, ils sont bientôt suivis de ceux de mon père. Un rire se fait entendre. Il couvre les autres bruits. Je suis terrorisé, je transpire, je veux crier. Je mets mes mains sur ma bouche, j’étouffe ce crie qui m’aurait trahit. Puis, plus un bruit, le silence complet. Il n’y a plus personne. J’entre dans la pièce, malgré ce que je vois, je ne verse pas une larme, quelque chose m’en empêche. A mes pieds se trouvent des corps, des corps calcinés. Il n’y a plus rien, même des corbeaux ne pourraient s’y nourrir. Le reste de la salle est intacte, même le tapis se trouvant sous les corps n’est pas abîmé, pas même par les corps.

Derrière moi se trouve la maison, je n’y jètes pas le moindre coup d’œil, j’entends le bruit de sirènes, les voisins ont du appeler la police. Toute ma vie est derrière moi, mes parents ont été la seule chose que j’ai pu aimer sur cette terre. Tout ce qui a constitué mon existence vient de disparaître. Désormais je ne crois plus en rien, je suis perdu. J’aimerai me laissé mourir, mais malheureusement, en mon fort intérieur, une voix refait surface, une voix d’outre-tombe, si lointaine. On dirait quelle vient d’une autre vie, pourtant, j’ai l’impression de la connaître. J’arrive à un coin de rue, je vais à gauche, j’arrive dans une ruelle sombre, elle est sale, je me fais peur, je veux m’isoler, à gauche, il y a une impasse, je m’y engage, me cache au milieu des poubelles, un chat noir s’enfuit. Je sanglote, m’endors...

Je me réveille, je suis habillée de vêtements de soie, je suis dans un lit de satin, des tentures pendent aux murs, la pièce est si lumineuse, je me sens comme aveuglée. Serait-ce cela le paradis ? Je me regarde dans une glace, ne me reconnaît plus, mon corps a changé, je peux encore reconnaître mon visage ; il semblerai que j’ai... vieillis. Un homme entre dans la chambre, il semblerait qu’il soit une sorte de majordome.

Majordome
Ha, vous êtes enfin levée, le maître vous attends, veuillez me suivre s’il vous plait.

Il mesure environ un mètre quatre vingt dix, il est habillé avec un long manteau en cuir noir, il a un col assez large qui remonte jusqu’au menton. Il a des lunettes de soleil noir et des cheveux noirs raides, sous forme de pics. Il reste droit et semble m’attendre, je me lève et le rejoins sans poser de questions. Nous passons dans un couloir, il est totalement vide et dénudé, il est si clair, qu’on croirait qu’il dégage une certaine lumière. Nous arrivons devant une grande porte massive tout en or, de superbes gravures y sont inscrites. Aucun doute possible, je suis bien au paradis, ma mère m’en à déjà parlé, à vrai dire, je sais beaucoup de choses dessus, j’en ai beaucoup lu...

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Chapitre 2

Cette salle est d’une grande clarté, ce lieu est quasiment dépourvu de tout décors au niveau des murs, mais pourtant, elle en reste magnifique : le plafond est en fait un ciel permanent, le temps ne change jamais, toute comme sa luminosité, seuls quelques nuages passent de temps en temps, cachant une partie de ce grand et somptueux ciel bleu ; le reste de décoration est assez simple, il y a un grand trône adossé au mur ; pourtant, au sein de cette immense pièce, une étrange impression se fait sentir, comme si elle renfermait quelque chose d’imperceptible, il y a également plusieurs portes.

Au milieu de cette pièce, une étrange personne se tient agenouillée devant la personne assise sur le trône, cette personne, se tenant droite, qui d’un sourire m’invite à rentrer, il congédie le serviteur et ce personnage cachant son visage derrière un masque. Fébrilement, je m’avance vers lui, ma longue robe traînant par terre, je n’ose pas dire un mot, de peur de dire une bêtise ou bien par anxiété, je ne sais pas, ce sentiment est difficile à décrire. J’ouvre la bouche et reste tétanisé au moment où je pose mon regard sur lui, c’est exactement le même personnage que celui qui m’était apparu lorsque j’étais à l’hôpital, les mêmes vêtements,...

Haruka
Est-ce vous dieu ? Cette question m’échappa.
Arentar
Je n’irai pas jusque là, mais disons que je le connais bien.
Haruka
Alors vous êtes un ange ?
Arentar
Oui, en quelque sorte.
Haruka
Que c’est-t-il passée monsieur l’ange, pourquoi ai-je vieillis ?
Arentar
Appelle moi plutôt Arentar, et l’homme en noir, c’est Kodji. Pour répondre à ta question, disons que tu as fait un très long sommeil réparateur, et que tu as désormais dix-sept ans.

Je n’en reviens pas, j’ai dormi pendant 9 ans ! Cette nouvelle me bouleverse. Arentar, par contre, ne semble pas le moins du monde gêné, il a un sourire décontracté et s’approche de moi. Je suis perturbée, je ne sais pas quoi faire. Puis, dans un élan, il me prend par la main et me fait tourner avec lui, j’en tombe à la renverse, mais lors du choc, au lieu de tomber sur un sol glacé et dur, je retombe dans un tas de coussins. Les coussins se déplacent et je suis désormais assise sur une sorte de fauteuil de coussins, ils flottent dans l’air, c’en est merveilleux. Lui aussi, se tient assis sur la même chose que moi. Nous sommes désormais face à face, au milieu de cette grande salle, je me sens prête à discuter avec lui, enfin.

Je me met à lui poser différentes questions sur mon âge, ce qui m’est arrivé, la raison de ma présence ici, suis-je morte ? Il répond en toute honnêteté, son visage à l’air si doux, et son sourire si tendre ; j’apprends que j’ai désormais seize ans, je ne suis pas morte, mais, c’est lui qui m’a sauvé, en envoyant cet homme en noir me chercher pendant que je dormais, la température de mon corps se refroidissait, et j’allais mourir de froid ; la raison de mon coma n’était pas le froid, mais le passage à travers le portail qui m’a amené ici. C’est comme s’il était... mon ange gardien. Il me dit que je mettrais sûrement un peu de temps à m’habituer ici, mais j’ai tout le temps.

Je me lève, et fébrilement, je lui demande si je peux retourner dans ma chambre. Il acquiesce, et, je m’élance vers ma chambre, pousse la grande porte dorée, traverse le couloir, rentre dans ma chambre et me laisse tomber sur mon lit. Des tonnes de pensées déferlent dans ma tête, je me tourne et me retourne dans mon lit, ils ont tout les deux l’air tellement gentil. Je ne sais pas quoi faire, mes parents sont morts, et c’est comme si j’étais terrifié à l’idée que cela ne me fait presque rien, bien sûr, cela ne me rend pas forcément heureuse, mais je ne ressent aucun tristesse pour eux, rien, comme si ils m’étaient inconnus. Je finis par m’endormir, et je me demande ce que je pourrais bien faire dans cet endroit.

Je me réveille, je n’ai aucune notion de temps, d’heure et de jour. Je me lève et me rend dans la salle principale, là, je les trouve tous les deux, Arentar et Kodji, assis face à face au milieu de la pièce, penchés sur un jeu d’échecs, ils ont l’air très concentrés ; le trône qui était dans la pièce hier n’y est plus. Je m’approche d’eux, Kodji lève les yeux et me regarde avec un grand sourire, il me dit bonjour, je lui réponds, Arentar, qui ne s’était pas aperçu de ma présence, me dit à son tour bonjour, puis aussitôt, il se replonge dans sa partie d’échecs, qui à l’air de le captiver. Kodji se met à entamer la conversation avec moi ; il me demande comment je vais, je lui dit que ça va, mais que je n’ai aucun repère.

Arentar bouge une pièce. Haha, tu vas voir, je vais gagner cette fois ! Kodji bouge une pièce et répond : Echec et mat. Arentar a l’air dépité, puis, quand il comprend enfin ce qu’il se passe, se met à crier, on dirait un enfant de cinq ans : Ha ! Comment t’as fait ! J’en ais marre ! Ca fait sept fois aujourd’hui ! Je me met à rire, c’est la première fois que je ris, je trouve cette nouvelle sensation très agréable. Kodji, malgré son air très détendu, reste très concentré, cela peut aisément se lire dans son regard. C’est peut-être étrange, mais vu comme ça, on dirait presque qu’ils sont tous les deux frères ; même si personnellement, je trouve Kodji beaucoup plus mature ; je leurs pose la question, aussitôt, ils rougissent et prennent un air embarrassé, je n’obtiens cependant pas la réponse, même si leur silence me laisse à penser qu’ils sont frères. J’espère cependant qu’elle est positive, ils s’entendent tellement bien. Arentar sort enfin de sa partie et réagit brusquement qu’il ne m’a rien expliquer de cet endroit, ce lieu si étrange dans lequel il semblent habiter. C’est vrai qu’il est vraiment hors du commun.

La visite commence, mais pas tout à fait ce qu’on appelle une visite, pas vraiment. Nous sommes toujours dans la pièce centrale, assis dans des fauteuils, qui cette fois-ci sont constitués de bulles, c’est vraiment très relaxant. J’espère que tu les préfères aux autres, en tout cas moi oui. Arentar me regarde avec un grand sourire qui lui monte jusqu’aux oreilles.

D’un seul coup, tout se met à tourner vite autour de nous, nous sommes dans ma chambre, je me redresse dans mon fauteuil, je me mets à regarder partout. Il est aussitôt embarrassé m’explique que ce n’est qu’une reproduction de ma chambre, et que nous ne sommes pas dans ma chambre exactement. C’est en fait une reproduction, et que à partir de là, il y aura une sorte de simulation afin de me faire comprendre comment fonctionne cet endroit, en fait, on ne voit que la pièce et les objets, nous sommes debout.

C’est la chambre d’ami, elle était auparavant à une autre personne, mais celle-ci est actuellement en déplacement et ne risque pas de revenir, enfin il pense. La visite continue, le décors se déplace autour de nous, nous arrivons dans le couloir, on passe la porte et nous voilà dans la pièce centrale. Là, il me montre chaque porte, elles ont toutes un petit symbole particulier afin de pouvoir les différenciés. Nous passons à travers la première, il s’agit de la cuisine, rien n’est électronique, tout est à l’ancienne, on trouve même un four à pain, une bonne odeur se fait sentir, elle vient des marmites.

Demi-tour, nous passons dans la pièce suivante, il s’agit de la bibliothèque, elle est immense, c’est une salle en cercle qui semble ne pas en finir, elle est très haute, elle est également très lumineuse, mais pas éblouissante, la lumière est jaunie par les vitres, de grandes échelles monte jusqu’en haut des étagères. Cette pièce regroupe à peu près cinq cent mille ouvrages. Tu y trouveras sûrement de quoi lire le soir.

Arentar
Cette nouvelle pièce est très spéciale m’explique t’il devant la porte, en fait, ce n’est pas vraiment une salle, quand tu y entre, elle prend la forme d’un décors de ton choix, lac, pré, montagne, banquise, et d’autres. Les deux portes suivantes donnent ma chambre et celle de Kodji, la mienne est celle avec un A, celle de Kodji avec un K, quand à la dernière porte, n’y entre pas, elle est plutôt dangereuse pour l’instant, plus tard tu pourras y aller à ton loisir.

Nous sommes dans la pièce principale quand d’un coup, j’entends mon ventre gargouiller, il fait un bruit du diable, Arentar me sourit et me dit : Après un si long sommeil, cela m’aurait étonner que tu n’aie pas faim. Vas donc dans la cuisine et sers-toi à manger, je vais dans la salle-paysage. Je suis un peu surprise, je me rend dans la cuisine, soulève le couvercle de chaque marmite, tout est si alléchant, il y a de tout, je me sert dans chaque plat et j’en reprends, je mange comme une gloutonne, je me fais un peu peur. Je sors de la cuisine, le ventre plein, je ne sais pas quoi faire, je suis un peu gêné, je vais dans ma chambre, je me blottis sur mon lit, la tête entre les jambes et j’attends, j’attends.

Je me redresse, je m’était endormi, j’entends que l’on frappe à la porte, je me frotte les yeux, ça frappe à nouveau, je me lève et vais ouvrir, c’est Arentar, il m’attend les mains derrière le dos, je lui demande ce qu’il se passe, il sort alors de derrière son dos une petite boite avec un petit nœud, Joyeux anniversaire ! J’espère que ça te fera plaisir. Tiens, c’est mon anniversaire ? J’ai donc dix-huit ans aujourd’hui. J’ouvre le petit paquet, je défait le nœud, le couvercle remue tout seul, je le soulève, et aussitôt une petite créature avec de grands yeux et de longues oreilles me sotte dessus et s’accroche à mon cou, je la prend dans mes mais, elle est marron, elle est si mignonne et à l’air si fragile... Arentar me regarde, impatient, avec un petit sourire, je lui rend ce sourire et lui dit que ça me plait beaucoup. Son sourire s’allonge, il m’explique que cette créature s’appelle Pitchi.

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Chapitre 3

Ce petit Pitchi est en réalité une sorte de petit démon protecteur, il sert aussi d’animal de compagnie. Personnellement, je le trouve très mignon. Il me demande de le suivre à table, là Kodji attendait, lui aussi à un cadeau pour moi, je me demande bien ce que cela peut être. Il me le donne et je l’ouvre aussitôt, c’est une sorte de bijou avec une forme assez spéciale, il est orné d’une magnifique pierre bleue, je lui demande ce que c’est, mais il préfère ne pas répondre, il veut que cela reste une surprise. Toujours est-il que je reste très curieuse à propos de cet objet que je ne cesse de tripoter et de retourner dans tous les sens comme si j’attendais qu’il se passe quelque chose, mais toujours rien.

La fin du repas approche et je ne sais toujours pas ce que je vais faire, je me demande quels livres ils peuvent bien avoir, je ne sais toujours pas très bien lire. Pourtant, après le repas, je vais prendre un livre, je regarde les premiers livre, ceux en bas, j’en choisi un, Vingt mille lieux sous les mers, étonnement, je n’ai aucun mal à lire les titres des livres.

Je vais donc dans la « salle changeante », le décor se transforme, c’est une grande prairie en montagne avec un petit lac. La porte reste debout, derrière, elle ne gêne même pas le paysage. Je m’allonge près du lac, et commence à lire, j’ai l’impression de lire comme les adultes, sans aucun problème. Je reste des heures comme ça, allongée à lire. Ce livre est très intéressant, il critique le monde des hommes, dont certains ont choisi de le quitter. Bref, je commence à être fatiguée, et vais me coucher. Plusieurs jours s’écoulent, l’ennui est de plus en plus présent, je ne montre que pendant les repas et essayent de les éviter le plus possible. Je sens que eux aussi commencent à s’ennuyer, je ne sais pas si c’est tous les jours comme ça, mais si ça continue je vais partir.

Un jour d’ennui, après avoir fini un autre livre, je me décide enfin à aller dans la salle qu’Arentar m’a interdite. Personne n’est là, c’est donc le bon moment, j’ouvre discrètement la grande porte en bois et y rentre.

Il y a un grand miroir situé en haut de quelques marches, des sphères lumineuses sont disposées à sa droite, le miroir est bleuté et transparent, ce qui est assez inhabituel pour un miroir, je m’en approche, de l’autre côté on peut voir une sorte de paysage, je n’arrive pas très bien à le distinguer, j’essaye de le toucher, je n’entre en contact avec aucune surface, mon bras traverse littéralement le miroir, je passe une jambe puis y entre complètement. Je suis de l’autre côté, enfin c’est ce qu’il me semble. Derrière moi se trouve les contours du miroir, juste le cadre. Autour de moi, tout est en ruine. Il y a d’immenses immeubles, ils sont noirs, le ciel est assez sombre mais c’est encore possible d’y voir clair. Il pleut. La grande rue devant moi est complètement déserte, le sol est jonché de débris, de morceaux d’immeubles qui se sont effondrés. Certains disjoncteurs crépitent et lancent des gerbes d’étincelles. Je marche lentement et difficilement parmi tous ces débris. J’arrive sur un boulevard, à droite le boulevard continu, en ruine. A gauche, le boulevard continu sur plusieurs centaines de mètres, mais là-bas, au bout, il y a un grand mur, orange, tacheté, semblable à la surface de Jupiter, il n’a pas l’air naturel, il forme un grand hémisphère. Comme pour protéger la partie de la ville située dessous. On pourrait croire à un météore mais non, au fond de moi je sais que cela n’en est pas un.

Je continue à avancer dans les décombres, me rapprochant un peu plus de cette sphère.

Je longe les bâtiment, ils sont tous inhabités, il n’y a pas la moindre présence de vie ici.

Tout est désert, des morceaux de bâtiment s’effondrent de temps à autre. Soudain, j’entends un bruit de moteur, je me cache. Je vois un grand véhicule noir passer, il possède huit roues, il est très grand. Les immeubles, les débris, la terre tremblent à son approche. Il y a deux grands projecteurs à l’avant. Un sorte d’antenne sur le toit tourne. Au moment même où le véhicule passe à mon niveau, il s’arrête. Je me recule et commence à monter par ce qu’il reste d’un escalier. Des hommes en sortent, si on peut appeler ça des hommes. Ils sont dans de grands costumes noirs, leurs yeux sont rouges, ils portent des armes. En fait, ils n’ont d’humain que la posture et la silhouette. Leurs vêtement sont l’opposée des miens. Ils sont en métal, ne laissant dépasser aucune partie de leur corps.

L’un d’eux lève le bras et l’abaisse. Ils allument tous une lampe fixée sur leur casque. Leurs armes en avant, elles dégage un faisceau laser qui pénètre dans le bâtiment par ce qui était autrefois des fenêtres. Je continue de monter silencieusement, tout en pouvant les observer agir. Il entre bien en ordre dans le bâtiment, leurs gestes sont coordonnés. On croirait des robots. Ils scrutent chaque recoin de ce qui semble avoir été un hall. Je continue de tourner autour d’eux, je suis au second étage. Ils mettent tous une main à l’endroit où devrait se trouver leur oreille gauche. Puis ils lèvent la tête dans ma direction. Ils m’ont vu. Ils commencent à lever leurs armes dans ma direction. Je me recule en me baissant. Des coups de feu arrachent des morceaux de murs, une colonne s’effondre. Aucun bruit ne sort de ma bouche. Je suis terrifiée, dans quoi me suis-je embarqué. Les coups de feu cessent, je les entends monter. Je m’élance vers l’escalier pour monter les étages. Des coups de feu résonnent et ricochent. Je vais le plus vite possible. J’arrive devant une porte, je l’ouvre. Je suis sur le toit. De cet endroit, je peux voir l’hémisphère dans sa totalité, elle monte vraiment haut. Sa taille est incommensurable, elle pourrait englober une ville entière.

Les bruits de pas métalliques résonnent dans la cage d’escalier. Je pars à gauche, vers le toit voisin. Je saute dessus. Je prends la cage d’escalier et la dévale à toutes jambes. Je suis à bout de souffle. J’entends toujours ce son qui me terrorise. Des points lumineux passent près de moi, s’arrête sur les murs, repartent. Je suis au rez-de-chaussée, il faut que je retourne vers la porte. Je m’élance vers l’entrée du bâtiment.

Des hommes apparaissent devant moi. Ils lèvent leurs armes. Je suis aveuglée par leurs armes qui font un bruit d’enfer. J’ai mal. Je me tiens le ventre. Ma main se recouvre de sang. La lumière s’éteint. Le véhicule apparaît devant l’entrée. D’autres hommes arrivent, ils se dirigent vers moi. Ceux qui me suivaient arrivent également. Mes genoux tombent par terre, puis je tombe sur le côté. La tête par terre, je ferme les yeux, je suis inconsciente.

Je ne sais pas si je dors ou pas...c’est une sensation très étrange, j’ai un sentiment de liberté et de... bien être. Comme si j’étais incomplète auparavant et que je retrouvais ce qu’il me manquait. Tout reste pourtant noir. Je reste dans cet état de béatitude durant un long moment. Cette sensation se met doucement à se replier...cela me crée comme un manque. Après un certain temps, j’ouvre peu à peu mes yeux. Je suis d’abord ébloui, tout est blanc au dessus de moi. L’aveuglement s’efface. Je regarde autour de moi.

Je me trouve dans une petite salle blanche. Tous est blanc, les murs, le plafond, la table sur laquelle je suis allongée. Je remarque que je suis habillée en blanc. Un peu comme un malade à l’hôpital d’après ce que m’a montré Kodji du monde où j’aurais du vivre durant mon sommeil. Je remarque une petite boule de poil marron sur mon abdomen, c’est Pitchi. Il dort apparemment, je le prends dans mes bras et me redresse. En me redressant, j’aperçois de nombreuses traces rouges sur les murs. Au pied du mur gisent plusieurs personnes mortes apparemment. L’une d’elle a les deux bras arrachés, une autre a le ventre ouvert, l’une n’a plus de tête... La moitié des personnes gisant ici sont des hommes en combinaison noirs tels que ceux que j’ai vu avant de tomber inconsciente. Les autres sont des hommes en blouse vert pale.

Je sers Pitchi dans mes bras. D’abord hésitante, je me lève et marche vers la porte. Je sors de cette salle et arrive dans un couloir. Pitchi désormais réveillé me regarde.

Haruka
A ton avis Pitchi, où devrait on aller?

Il me montre la gauche. J’y vais en courant. Le couloir est long. Il semble ne pas finir. J’arrive enfin à ce qui semblerai être la sorti. En réalité, je suis sur une passerelle en hauteur. On se croirait dans un immense hangar. Quatre de ces véhicules noirs de tout à l’heure sont stationnés en bas. Il y a beaucoup de remue ménage. Il y a beaucoup d’hommes en combinaison, ils courent dans une direction et crient. Ils semblent aller vers quelque chose. Cela à l’air dangereux étant donné qu’ils prennent tous des armes. Certains prennent avec eux de grands boucliers violets dont les différentes nuances semblent se mouvoir. D’instinct je m’éloigne dans l’autre direction. Suivant la passerelle, je descends une échelle. Pitchi désigne du bout de ses oreilles un des quatre véhicules.

Je rentre dans l’un d’eux. Je monte à l’avant sur le siège attribué normalement au pilote, celui-ci étant reconnaissable des autres. Je repère un bouton où il est écrit pilotage automatique et m’empresse d’appuyer dessus. Le moteur démarre et le véhicule avance tandis que le mur en face s’ouvre.

Je sors enfin de ce bâtiment et traverse lentement la grande sphère, j’en sors, je reste stupéfaite. Derrière cette immense muraille se dressait une gigantesque ville. Mais comment cela se fait il? Qu’est ce qui a pu dévasté tout cet endroit ?

J’arrête le véhicule et en sors. Tenant toujours Pitchi dans les mains, je cours et franchis la porte par laquelle j’étais passée. Pourvu que personne n’est remarqué mon absence...

Je cours dans ma chambre et me jette sur le lit. Je me mets à sangloter. J’avais eu beaucoup de chance. J’étais sorti indemne de cette péripétie. Pitchi me fait un grand sourire qui me remonte le moral, je sèche mes larmes. Je vais voir dans les autres pièces si les autres sont là... Personne. Je choisis donc de retourner dans ma chambre et d’y attendre. J’essayerai de voir si Pitchi peut apprendre à parler. Commencent à lui demander de répéter ce que je disais, je m’allongeais et le mettait sur un oreiller. Il bascula sa tête sur le côté, essayant de comprendre comment faire pour m’imiter. Je commence donc par lui dire mon nom lentement afin qu’il imite les syllabes.

Haruka
Haruka...Ha...ru...ka...

Il se mit à sourire. Et répéta avec une facilité déconcertante. Etant aussi surprise que l’on peut l’être dans ce cas là, je lui demande de me répéter une phrase un peu plus longue.

Haruka
Bonjour, comment ça va ?
Pitchi
Baj...aaar...cammma...vuuua...

Quelque peu déçu par ce résultat, je me dis que savoir mon nom est déjà un bon début pour cette petite créature.

J’entends une porte du couloir claquer. Puis des bruits de pas à une cadence rapide. Puis la porte de ma chambre s’ouvre à la volée. Surprise, je me redresse avant de voir Arentar suivit de Kodji rentrer dans ma chambre furieux.

Arentar
Qu’est-ce qui t’as pris d’entrer là dedans ? Tu te rends compte que ça fait plus de vingt quatre heures que l’on te cherche. Nous nous sommes fait un sang d’encre pas possible ! Ne recommence jamais ça ! Ca sert à quoi que l’on te dise de ne pas entrer là dedans si tu y va quand même ! C’est quoi cette curiosité de merde ! Quand on dit que c’est dangereux, c’est dangereux bordel !
Ardoka
...
Arentar
Ca va au moins, t’es pas blessée j’espère ?

Je réponds non de la tête, et me retiens de ne pas exploser en larme.

Arentar
Bon c’est déjà ça !

Arentar s’assoit près de moi et me prends dans ses bras. Je me mets à sangloter.

Arentar
On va bientôt déménager. On va se sentir à l’étroit une fois qu’elle sera là !

Kodji décroise ses bras et se met à regarder Arentar avec des yeux remplient de terreur.

Kodji
Non, ne me dit pas qu’elle veut venir, pas encore !
Arentar
Hélas si, mais bon, ça ira, il y aura de la concurrence.
Kodji
Mouai, toujours est-il que j’aime pas ça. Tu aurais pu me prévenir.
Arentar
Hé bien tu l’es maintenant.

Je relève la tête et lance un regard interrogateur à Kodji.

Haruka
Qui vient ?
Kodji
HeavenArdoka, une vielle connaissance...

Je reste néanmoins réjouis de partir d’ici, on s’y ennuie ferme. Et puis ça me fait toujours plaisir de rencontrer de nouvelle personne.

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Chapitre 4

Nous partons enfin... Passons par la porte que j’ai franchie il y a maintenant deux jours. Cette fois, nous arrivons dans une petite pièce, voire même très petite. Nous franchissons une grande double porte qui s’ouvre à la volée. Cette nouvelle pièce n’est pas spécialement grande. La table est même plus petite qu’avant, par contre il y a également moins de portes, il n’y en a que deux. Je suis un peu surprise, Arentar avait dit que cela serait plus grand...

Ils posent plusieurs sacs sur la table. Ils commencent à me faire visiter. La première porte, à gauche en entrant, est celle de la cuisine. La cuisine est relativement grande, prêt de quatre fois là salle précédente. Tout est propre, minutieusement rangé. L’autre porte, en face du lieu de notre arrivée mène dans un grand salon, avec quatre canapés, une table basse au centre, des dizaines de coussins un peu partout, une bibliothèque dans le mur.

De cette pièce, on a accès à quatre nouvelles portent qui elles même mènent aux chambres respectives des nouveaux, et la quatrième sera sûrement pour cette Ardoka. Je me demande d’ailleurs bien à quoi elle peut ressembler. Est-elle jeune, vielle, belle, forte, petite ?

Kodji me désigne ma chambre. Je vais de ce pas voir de quoi elle à l’air. J’entre. Elle est toute blanche, le lit est identique au précédent. La garde-robe aussi. Au moins je me sentirais à l’aise. Tiens, ici il y a une différence. Il y a une salle de bain directement dans ma chambre. C’est pratique. Je prends Pitchi dans mes bras et vais m’installer dans un des grands canapés du salon. Je ramasse quelques coussins. Ces canapés sont vraiment bien, leur forme s’adapte à l’envie de chacun. Le mien ce transforme en un grand siège incliné en arrière, presque à l’horizontale. Confortable à souhait.

Je sens des bras qui m’enlacent. C’est Arentar, il cale sa tête contre la mienne et me chuchote : Ca te plait ?

Bien sûr je m’empresse de répondre par l’affirmatif, je ne voudrais pas qu’il soit mécontent.

Haruka
Quand est ce que cette Ardoka va arriver ?
Arentar
Le plus tard sera le mieux... Le plus tard sera le mieux...
Haruka
Ah bon, elle est si méchante que ça ?
Arentar
Elle n’est pas méchante, mais... Elle est... Comment dire... Attachante mais... Tu la verras bien assez tôt !

Quelques jours passent, je continue l’apprentissage de ce qu’aurait dû savoir une fille normale à mon âge. Nous faisons des jeux, bavardons, sortons dans de grands et magnifiques espaces de verdure. Et le temps passe. Quatre jours plus tard, alors que nous sommes assis face à face avec Arentar, Kodji à côté, impatiente je leur redemande une énième fois si ils ont de ses nouvelles, j’ai vraiment hâte de la rencontrer.

Kodji me répond avec un petit sourire.

Kodji
Eh bien, en fait, elle ne devrait plus tard....

La porte s’ouvre à la volée, une grande silhouette, se déplaçant rapidement se jette par-dessus le canapé d’Arentar et atterri dans ces bras elle se met à l’enlacer et à lui faire des bisous en criant son nom. Sans aucune gêne, elle nous ignore et se met à se serrer contre Arentar qui se met à soupirer. Après une trentaine de secondes, elle le lâche et cours vers Kodji en faisant le même cinéma. Kodji et Arentar se regardent, l’air ennuyé. Ils sont gênés.

Elle relâche enfin Kodji. Elle s’avance lentement vers moi, me jette un regard mauvais. Elle me scanne de haut en bas. Après quelques secondes, elle se retourne vers Arentar et dit :

Ardoka
Pourquoi vous lui avez passé ma chambre ? De quel droit ?
Arentar
Bah, c'est-à-dire que... on avait besoin d’une chambre en urgence et...
Ardoka
C’est pas une raison, c’est ma chambre ! Il n’y a que toi qui à mon autorisation pour y rentrer et tu le sais ! Pourquoi as-tu fais ça ?
Arentar
Parce que je n’irai sans doute jamais dans ta chambre ?

Elle râle et va s’asseoir dans le quatrième canapé-fauteuil. Elle est grande, dans le mètre quatre-vingt environ. Elle a de longs cheveux noirs, une forte poitrine, les yeux marron.

Elle porte également des vêtements... spéciaux. Ils ne couvrent pas beaucoup son corps. C’est du cuir noir, elle porte des bottes à tallons, et qui remontent jusqu’aux genoux. Elle porte également des gants qui remontent jusqu’aux coudes. Le reste est assez léger à porter. Kodji me demande de sortir et d’aller dans ma chambre. J’en profite pour aller me laver.

Depuis ma chambre, je les entends rire. Je les rejoins, Arentar et Kodji continuent de rire tandis qu’Ardoka me dévisage. Je sens déjà que l’humeur se dégradera dès que l’on sera dans la même pièce. Elle reste encore sur les genoux d’Arentar, en l’enlaçant. Je n’aime pas vraiment cette attitude qu’elle prend. Personnellement, je me demande si cela n’aurait pas mieux valut si elle n’était pas venue. Enfin bon, je suis sûre que d’une manière ou d’une autre, il y aura possibilité pour que l’on soit amies.

Je m’assoie donc avec eux. Tandis que Kodji et Arentar parlent de vieux souvenir de leur cohabitation avec Ardoka, cette dernière ne cesse de m’observer et de m’étudier. Moi qui suis habillée en jupe avec un tailleur bleu, je détourne le regard et rougis, comme si je devais avoir honte. Apparemment, Ardoka a toujours été plutôt aguicheuse. Elle ne cessait de tenter de séduire Arentar, et quand il se refusait, elle renchaînait avec Kodji. A croire qu’elle n’a rien à faire.

Après une demi-heure de discussions, Kodji se lève et me demande : Ca te dirai de faire un tour en ville ?

Je suis surprise, je ne sais pas ce que je dois penser, va t’il m’emmener dans le même lieu que celui où je me suis retrouvé la dernière fois ? Je décide finalement de le suivre, je ne pense pas avoir à craindre quelque chose de lui. Arentar et Ardoka ne viennent pas. Nous passons par la porte d’entrée.

Là, je suis émerveillée. Le lieu où nous arrivons est d’une grande luminosité, nous sommes sur une sorte de place, au centre, il y a une grande fontaine, avec quelques personnes assises sur le rebord, pour la plupart des grands-pères. Nous sommes sur une grande allée dallée qui mène à cette fontaine. De part et d’autre de cette allée, il y a des personnes allongées dans de vastes étendues d’herbe, avec quelques parterres de fleurs. Nous avançons dans cette allée. Dans le ciel, il n’y a presque pas de nuages. D’ici, on peut voir un agroupement de tours immenses, elles sont majestueuses et donnent à la fois une sensation de crainte et de tranquillité. Tout le monde est reposé, calme. Pitchi est sur mon épaule, il regarde tout et émet de temps en temps de petits bruits bizarres. Les bâtiments qui nous entourent sont d’une architecture que je n’avais encore jamais vue. Ils ne sont pas fait avec une structure en bois, ni en briques. On ne peut voir aucune jointure, leurs surfaces sont extrêmement lisses. Ils sont ornés de divers motifs et de sortent de gargouilles, mais plus à visage humain.

Au fur et à mesure que nous avançons à travers les ruelles, nous trouvons diverses échoppes, vendant fruits, légumes, poissons, vêtements,... Je ne sais plus où donner de la tête. Il y a beaucoup de monde dans les rues, pourtant tout le monde circule sans encombres, sans se bousculer, comme si tout était réglé. Nous gagnons en altitude au fur et à mesure que nous approchons des tours. Une fois à proximité de l’une d’elle, je peux enfin voir hors des limites de la ville. Il n’y a presque aucune séparation entre la ville et les zones agricoles, je vois des fermiers en train de semer dans leurs champs. Il y a également des rivières qui irriguent toute la zone. Les limites de ce paysage sont fixées par un immense mur d’eau, d’immenses cascades qui entourent toute cette zone de verdure, il y en a à perte de vue. C’est comme si cette ville avait été enfermée dans cette zone.

Un détail me surprend néanmoins par rapport au monde que je connais, il n’y a aucun véhicule, aucune forme de moyen de transport. Je ressens moi aussi un peu bizarre, en effet cela fait une heure que nous marchons et je ne ressens aucune forme de fatigue, au contraire, je me sent en pleine forme, l’air est frais et je me sens d’une force supérieure à la normale. Lorsque nous nous approchons de l’une des tours, je vois deux gardes en armure, portant de somptueuses hallebardes. On ne distingue pas leurs têtes sous ces énormes casques, cette armure les rend plus grands, plus imposants.

Kodji me tend un petit objet. Il est rond et plat, lié à une lanière de cuir qui me laisse penser que c’est un collier, et alors que je demande ce que c’est, une carte holographique en sort, elle est en trois dimensions. A ce que j’en conclue, il s’agit d’un plan de la ville. Il sort directement du petit rond au centre de l’objet et se met à l’horizontale.

Alors que Kodji me le fixe autour du cou, il m’explique son fonctionnement. Il suffit de dire le lieu où l’on veut se rendre et ce lieu est automatiquement indiqué sur le plan, tout comme l’endroit où l’on se trouve. Pour ne pas se tromper, cet objet trouve dans les pensées l’endroit exact auquel on pense.

Kodji
Désolé mais j’ai quelque chose à faire dans une de ces tours, cela ne te gêne pas si je te laisse, tu n’as qu’à rentrer toute seule et te balader dans la ville si tu le souhaite.
Haruka
D’accord.
Kodji
Si tu as besoin de sortir de la maison, tu n’as qu’à prendre la porte, tu arriveras en ville de cette manière.
Haruka
Au fait, à propos d’Ardoka...
Kodji
Ne t’en fais pas, elle est très gentille dans le fond. Elle est juste un peu envahissante. Je dois te laisser, à plus tard.

Sans rien à jouter, il entre dans la tour par la grande porte, il salut les gardes et rentre. Les portes s’ouvrent devant lui. Je ne sais pas trop quoi faire, je décide donc de me rendre près de la fontaine devant laquelle nous sommes passés en sortant. Je descends donc les différentes rues et arrive devant cette fontaine. Je m’assoie sur un rebord, un peu à l’écart des autres personnes. Je me mets à plonger ma main dans l’eau, elle n’est ni chaude ni froide, elle est d’une limpidité presque inconcevable. Pitchi est lui aussi sur le bord, il approche son museau de l’eau et éternue dès qu’il entre en contact avec le liquide. Quelques personnes se retournent, puis détournent leur attention, sauf une. Un vieux monsieur continue de me scruter, jetant un coup d’œil à Pitchi, il fronce les sourcils. Je détourne le regard et fait comme si je ne l’avais pas vu. Je sens son regard posé sur moi. Gênée, je le regarde à nouveau. Il se lève et se met enfin à remonter vers la haute ville. Je suis soulagée qu’il soit parti, mais après ce léger sentiment de malaise, je préfère néanmoins rentrer.

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Chapitre 5

Je retrouve Arentar en train de lire. Il m’explique qu’Ardoka est en train de se laver. Il a une énorme trace de rouge à lèvres sur la joue droite. Il est cinq heure de l’après midi. Je vais dans ma chambre et je prends Pitchi dans mes mains.

Il est toujours aussi mignon. Il me fixe avec ses grands yeux ronds. Je me sens de plus en plus faible, j’ai l’impression d’être aspiré par ses yeux, tout devient noir et lumineux à la fois. Je me mets à voir une silhouette féminine, de longues ailes apparaissent dans son dos, ses bras et ses jambes sont floues. Je ne peux pas distinguer de qui il s’agit. Mais son visage me semble néanmoins familier. J’ai l’impression d’avoir connu cette personne depuis toujours.

Maintenant un décor se met à apparaître, il me semble que cela doit être un salon ou quelque chose dans le genre. Deux personnes se tiennent devant la même silhouette que tout à l’heure, elles ont l’air à la fois inquiètent et en colère. L’une des deux se met à être soulevée du sol, elle percute violement le plafond puis retombe, du sang gicle dans toute la pièce au moment où cette même personne se met à être démembrée, comme par magie.

La deuxième personne quand à elle tombe sur ses genoux et continue à garder un air sérieux tout en priant, une sorte de parabole se forme devant elle. Un grand rayon lumineux en sort et vient percuter de plein fouet la femme d’en face. Celle-ci ne bouge pas d’un centimètre. Elle esquisse même un petit sourire vicieux au moment où la deuxième personne se retrouve coupée en deux. Je me mets à hurler un cri inaudible.

Une faible secousse sur mon épaule me sort de ma torpeur, je me réveille, c’est Kodji, il est de retour. Nous passons à table.

Kodji
Tu es sûre que ça va ?
Haruka
J’ai juste fait un mauvais rêve...
Kodji
Tu sais, Pitchi, il te permet aussi de revoir des souvenirs dont tu ne te rappelais plus.
Haruka
Ah bon ?
Kodji
Oui, c’est peut être ça que tu étais en train de vivre.
Haruka
Je ne pense pas, c’était plutôt un cauchemar, il y avait des morts...

Il me regarde inquiet. Puis il ajoute : Au fait, demain, nous partirons d’ici, nous avons comme qui dirait un léger problème et il serait mieux de partir.

Il me sourit et m’invite à l’accompagner. Ardoka est déjà assise et ne daigne même pas me regarder. Arentar sort de la cuisine, il porte un tablier blanc et des gants à four, il porte un plat qui à l’air chaud, il y en a déjà beaucoup sur la table.

Arentar
Alors, tu ne m’as pas entendu quand je t’ai appeler ? J’ai quand même préparé ton plat préférer, une quiche.
Haruka
Désolée...
Arentar
Mais tu n’as pas à t’excuser, tu dormais et c’est tout, ce n’est pas un crime !
Haruka
... Désolée ...
Ardoka
Oh écoutez la cette petite ! Elle est désolée, mais faut pas, tu nous as juste fait attendre dix minutes, nous on s’en moque ! Mais faudrait quand même régir un peu plus... se stresser comme on dit !

Sur ces mots d’Ardoka, je me mets à rougir encore plus et je baisse les yeux.

Après le repas, je vais dans ma chambre sans dire un mot. J’entends Kodji et Arentar crier sur Ardoka pour ce qu’elle m’a dit tout à l’heure, mais je ne lui en veux pas personnellement, c’est bien normal à elle de me faire remarquer ça. Arrivée dans ma chambre, je m’endors très vite, je me mets à faire exactement le même rêve que tout à l’heure, la même silhouette en train de tuer ces deux personnes. Une étrange aura de colère et de haine se dégage de cette silhouette.

Soudain j’entends un cri, il ne provient pas de mon rêve mais de la salle à manger, je me réveille en sursaut et j’y cours. Je vois Kodji, son bras droit saigne, il est par terre, Arentar est debout à côté de lui, son regard est sombre. Il a le bras gauche levé et le poing fermé. La table est coupée en deux avec une finesse déconcertante, du sang éclabousse le mur près de la porte, celle-ci est ouverte, il y a plusieurs cadavres de l’autre côté. Deux de ces cadavres n’ont pas de tête et des litres de sang coulent par leurs cous. La petite pièce est inondée de sang. Un autre de ces cadavres à un énorme trou au niveau de l’abdomen.

Je me mets à vomir. Ardoka passe derrière moi et ajoute : Chochotte.

Je m’évanouie.

Tout est noir, noir d’un noir parfait, le noir, l’obscurité, encore plus noir qu’une nuit sans lune et sans étoiles. Je me vois moi-même, pale comme un linge. Au milieu de ce décor tout noir, il y a un miroir, un gigantesque miroir, je flotte devant lui. Je me vois, dans mon dos, il y a une immense paire d’ailes grises, elles sont immenses, je n’en vois pas l’extrémité, elle se perd dans l’obscurité. Je suis habillée de longs vêtements rouges carmin. Je porte un pantalon. Mes yeux n’ont pourtant pas la même couleur que d’habitude, ils sont également rouges. Mes cheveux sont toujours aussi blancs. Ici aussi, Pitchi est sur mon épaule.

J’entends comme un bourdonnement sourd. Il vient de derrière moi. Je suis incapable de me retourner pour voir de quoi il s’agit. Ce bourdonnement devient oppressant, insoutenable, il se rapproche. Il est multitude, il prend peu à peu forme dans le miroir, il luit par de nombreux endroits. Je finis par le reconnaître. Ce sont des mouches... des milliards de mouches. Indénombrables. Elles me submergent, m’asphyxient. Elles prennent forme devant moi et j’ai l’intime conviction de pouvoir les comprendre, au fond de moi, je sais que je peux les comprendre, elles me semblent familières, comme si elles avaient toujours été présentes dans ma vie et qu’elles m’avaient toujours accompagné.

Elles forment un mur devant moi, j’ai l’impression de pouvoir toutes les nommés, de les connaître. Comme si elles faisaient partie de moi, comme si elles étaient une partie intégrante de mon corps : muscle, peau, neurone,... Leurs yeux sont tous fixés sur moi.

A bien y réfléchir, elles m’ont toujours accompagné, de la naissance à aujourd’hui, les mouches sont omniprésentes, mais là, c’est tellement plus. Comme si j’étais leur mère. Je sens qu’elles ont un message à me transmettre.

Puis une sorte de vibration retentie, les souffles, elles disparaissent toutes dans les ténèbres. Une nouvelle vibration. Les battements de mon cœur s’accélèrent, je me sens de plus en plus enchaînée, comme si mes possibilités de mouvement ce restreignaient de seconde en seconde. Encore une de ces vibrations. Elles sont inaudibles, imperceptibles, pourtant elles résonnent dans ma tête dans mon cœur, me remplissent de peur, me terrifient. Au même titre que la noirceur qui m’entoure est pure et complète, cette peur est totale, réelle. La terreur à l’état pur, aussi brutale que le plus violent des chocs.

Elle me semble elle aussi familière, mais beaucoup plus distante, plus lointaine ; comme si je la connaissais, mais, d’une vie antérieure.

Dans ce miroir, je finis par distinguer derrière moi une silhouette. Je voie des ailes, six paires d’ailes, elles sont également grises, mais là, elles tendent plus vers le noir. Sous ces ailes je distingue à peine une silhouette humaine, elle se rapproche derrière moi. Tout autant que la silhouette se rapproche, les vibrations deviennent plus fortes, mais pas pour autant plus rapides, j’ai l’impression que mon cœur va exploser. En baissant les yeux, je vois mes vêtements... ils sont blancs. Au contraire de ceux que je porte sur le miroir qui sont rouges. Je suis toujours figée, les bras et les jambes écartés. La tête droite.

Puis je sens ce souffle, froid, glacial même, ce souffle indescriptible qui ronge petit à petit mon cou. Il dévore ma chaire, la rend dure comme la roche. Cette chose est derrière moi. Ces deux bras m’enlacent l’abdomen. Sa tête se blottit contre mon épaule.

Je suis tétanisée, il m’est impossible de m’esquiver. Pourtant, je me sens comme réconfortée par cette présence glaciale. Dans le miroir, je ne vois qu’une peau noire, ou bien sont-ce des vêtements ? Je n’arrive pas à savoir ce que je ressens le plus. La peur ? Le froid ? Le réconfort ? Il m’est impossible de le savoir. Puis cette silhouette disparaît, le grand miroir également. Je ne retrouve pas pour autant ma mobilité.

Je me réveille, la peau chauffée par la lumière du soleil. J’ouvre les yeux. Je suis dans une chambre, avec de grandes fenêtres, le jour est apparemment levé depuis peu. Dehors je vois de nombreux arbres. Mes draps sont blancs et légers. Je tourne la tête vers ce qui semble être ma table de nuit. Un petit détail m’interpelle. Aussitôt que je l’ai fixé, il s’envole avec un petit bourdonnement et sort par la fenêtre.

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Chapitre 6

Je sors sur le balcon de cette chambre, nous sommes dans un chalet, les murs sont en bois. Dehors, un peu plus bas, je vois Arentar et Kodji en train de prendre un café. Je m’apprête à les appeler, mais Ardoka arrive et je m’en abstiens. Je n’ai pas envie de la voir. Je rentre dans la chambre et m’assoie dans mon lit. La tête entre les jambes. Pitchi saute sur ma tête, il devait être sur le bord du lit. Je me sens seule... si seule. Je n’ai presque pas d’amis, comme depuis toujours, même si maintenant je peux compter sur Arentar et sur Kodji.

De mon lit je peux les entendre parler. Je préfère écouter leur conversation en cachette que de les rejoindre. Si Ardoka parle de moi en bien je descendrai peut être les rejoindre. En ce moment, c’est Ardoka qui prend la parole.

Ardoka
Alors si je comprends bien, ils nous traquent désormais, et aussi bien un camp que l’autre. Il reste encore nos frères qui ne nous ont pas répondu, mais vu que les avis divergent, je doute qu’ils puissent nous aider avant un certain temps. A moins que le conseil des huit ne soit unanime, nous devons rester sur nos gardes. Même ici, les risques sont présents. Je doute que les talismans nous protègent aussi bien qu’on ne le souhaite. Les humains ajustent leurs techniques, et ils nous auront, je pense, bientôt localiser. Quand aux autres... Vu ce qui c’est passé la nuit dernière, on peut dire qu’ils nous ont déjà trouvé, il ne leur reste plus qu’à employer les grands moyens.
Arentar
Tu te fais bien trop de souci à mon avis, Kodji à ajouter de nouveaux talismans pas plus tard que ce matin, et n’oublie pas non plus au dessus de quoi nous sommes. Les humains hésiterons suffisamment avant de passer à l’action et puis quand même, je pense que nous sommes suffisamment débrouillards pour ne pas avoir besoin de l’appui du conseil d’ici le grand avènement. Reste à savoir de quel côté se rangeront les humains, ils peuvent rester neutres, mais il n’empêche que le moment venu, le choix restera leur seule possibilité de survie, et après son arrivée sur terre, je doute qu’ils se rangent de son côté. Enfin bon, il faudrait quand même que notre hôte se réveille, quatre jours de sommeil ça commence à faire beaucoup, vous ne trouver pas ?
Ardoka
Non, elle peut dormir, ça ne me gêne pas, au contraire, ça détend un peu le dialogue et on peut parler librement. D’ailleurs je ne vais pas tarder à y aller, il est temps. Je vous laisse. A demain.
Arentar
Oui c’est ça, à demain.
Ardoka
Fait attention quand même.

Ardoka part, ça me soulage, je vais pouvoir descendre. Je préfère quand même attendre un peu, être sûre de ne pas la croiser.

Arentar
Son cœur c’est fermé Kodji, tu pense que c’est mauvais signe ?
Kodji
Je ne sais pas, mais il faudra désormais s’attendre à le voir apparaître de temps en temps.
Arentar
J’espère que la pierre suffira à le repousser lors de ses apparitions, il pourrait mettre un certain désordre tout de même.
Kodji
Oui, mais elle ne l’a pas accueilli, il devrait donc rester calme, mais il faudra la ménager et l’exposer le moins possible. Tout retour spontané serait pour le moins... désagréable. Même si il pourrait nous être utile.

Je ne comprends pas de quoi ils parlent, des images de mes rêves me reviennent, ces cheveux rouges et non plus blancs... Ces mouches... Ces ailes si noires... Puis les humains dont ils parlent, seraient-ils ceux que j’ai vu en traversant cette porte, ou bien ceux de la ville ? Et eux, quelles différences ont-ils avec les humains, d’après ce que j’ai vu ils leurs sont si... similaires. Peut être une forme de magie, ils parlaient bien de talismans, et puis la table, coupée en deux, et tout ces corps, mutilés. Ces souvenirs me font froid dans le dos. Je préfère donc les rejoindre.

Je sors sur le balcon et les interpelle. Et puis je sors de ma chambre pour les rejoindre, à ma gauche il y a une grande fenêtre, je suis un petit couloir sur ma droite. Et j’arrive dans une grande pièce, je suis en haut d’un escalier ; cette pièce est éclairée par la baie vitrée qui est en face de l’escalier. Il y a une grande table, avec des fauteuils. En descendant l’escalier, je m’aperçois que la salle est en fait bien plus grande et qu’elle sert à la fois de salon et de salle à manger. La baie vitrée est ouverte, elle donne accès sur l’extérieur, je la passe pour rejoindre Kodji et Arentar.

Ils sont tout les deux assis autour d’une table de jardin, Kodji est en robe de chambre en train de boire du thé, il me sourit alors que j’arrive. Arentar, lui, est de dos, il porte une chemise noire avec des rayures blanches et alors que j’approche, il bascule la tête en arrière et me fais un grand sourire en me disant bonjour. Il y a une petite coupelle avec des croissants. Je prends place près de Kodji et me sers un croissant. Il me propose du thé, mais je refuse et me sers un verre de jus de fruits. Tandis que je dévore mon croissant, je jette un coup d’œil au paysage qui m’entoure. Il est vaste, apparemment nous sommes à la montagne, dans une grande vallée. Il y a de grands pins tout autour du chalet, et à travers le chant des nombreux oiseaux qui y logent, je discerne le clapotis d’une cascade. Il doit y avoir une rivière à proximité.

Je leur demande où nous sommes. Ils m’expliquent que c’est la résidence où ils ont habités alors qu’ils étaient tout jeunes. Ce chalet est quand même vieux vu la quantité de poussière qu’il y a entre les rondins de bois. A mon avis le ménage à été fait plus que rapidement. Je leur demande aussi si il y a d’autres habitations à proximité. Non, en fait, les seuls bâtiments à proximité sont un petit temple et une réserve où il y a toutes sortes d’objets qui sont stockés depuis un moment. Il y a également une source d’eau chaude, ce qui à permis la construction de bains en plein air. Il y en a un pour les garçons et un pour les filles.

Ils m’explique aussi que le grand père d’Arentar habite ici, mais qu’il n’est pas encore là car il est allé régler deux trois petites affaires à l’extérieure, il reviendra dans la soirée. Le frère de Kodji également réside ici, mais il devrait revenir dans trois jours. Ardoka devrait également revenir plus tard, demain. Je me réjouis, je vais rencontrer deux personnes de plus. Et j’ai l’impression que je ne vais pas m’ennuyer ici, dans le bon sens ou non, mais je ne vais pas m’ennuyer.

Il faudrait que je me lave, je vais aller dans ces bains si je les trouve, je n’ose pas leur demander où ils sont. Je finis d’engloutir mon sixième croissant puis je me lève et vais dans ma chambre. Je fouille dans le placard et j’y trouve ce que j’y cherchais, du linge propre, ainsi qu’une serviette et un savon. Tout a été rangée comme si l’on avait prévu que je voudrais prendre un bain, ce n’est pas étonnant vu qu’il y a une source à proximité.

Je traverse une zone boisée après avoir prévenue Kodji et Arentar ; au passage ils m’ont indiqué où se trouvaient les bains. En suivant un petit sentier à travers les bois, je tombe sur des escaliers, pas très loin, j’entends les clapotis du torrent. Près des escaliers, il y a une petite statue, elle est recouverte par un peu de mousse et du lierre commence à la parcourir. Je grimpe les escaliers. Je compte chaque marche, il y en a cinquante six. En haut de ces marches, le sentier repart dans une nouvelle zone boisée. J’y pénètre toujours aussi lentement. J’ai l’impression d’être observée.

En continuant le sentier, on débouche sur une clairière, là, il y a un petit bâtiment à flanc de montagne. Juste à côté, il y a une palissade d’où sortent des vapeurs. Je suppose que ça doit être là. Pour passer de l’autre côté, il faut rentrer par le petit bâtiment. J’y dépose mes vêtements. Tandis que je pose ma serviette, je trouve Pitchi qui en sort. Il me fait encore et toujours son petit sourire malicieux. Je vais me laver, et je prends Pitchi avec moi, je le plonge dans l’eau chaude. Je suis si bien là dedans. C’est tellement agréable.

Je m’allonge contre un rocher. Le regard vers le ciel. Il y a très peu de nuages. Quelques oiseaux passent. Puis un autre objet, il reflète le soleil. Il est très fin et viens percuter la montagne dans une énorme explosion. Des blocs de pierre se décrochent de la montagne et commencent à tomber. Je hurle tandis que l’un d’eux atterrit à proximité de moi en projetant des quantités d’eau.

Je me relève et commence à courir afin d’aller me réfugier dans la petite cabane, mais je me déplace maladroitement dans l’eau et je tombe. Alors que je me retourne, je sens déjà la présence d’un grand bloc de pierre au dessus de moi. Je hurle de toutes mes forces. Je le vois qui se rapproche tandis qu’au loin j’entends des rafales de coups de feu et une explosion. Je ferme les yeux quand je sens que l’impact est proche. Je suis tétanisée.

Alors tout ce fige. J’entends un son d’une pureté intense. C’est Pitchi, il est au dessus de moi. Tandis que le rocher ralentit au fur et à mesure, une onde lumineuse jaillit de la bouche de Pitchi et vient le frapper, le désagrégeant au fur et à mesure. Je me ressaisie. Je me relève et fonce vers la cabane. Je me revêtis en vitesse et sors à toute allure de la cabane. Sans me soucier de Pitchi, je cours vers la maison. De la fumée se dégage de la forêt tandis que les tirs continuent. Une nouvelle explosion se fait entendre, de nombreux cris la suivent. Au loin, j’aperçois des hélicoptères qui atterrissent.

Je traverse la forêt qui précède les escaliers. J’entends un nouveau coup de feu, mais cette fois si beaucoup plus proche, suivi d’une atroce douleur au bras. Je ne sais pas quoi faire. Je suis morte de peur. Mais comme je n’ai pas vraiment d’idée, je continue à courir en me tenant le bras. Mes vêtements se teintent de rouge. J’arrive en face de l’escalier qui descend.

Un nouveau coup de feu. Suivi d’un autre. Je sens quelque chose traverser ma poitrine. Ainsi que ma jambe droite. Je vois une gerbe de sang jaillir devant mes yeux. J’ai un étrange goût dans la bouche. Je tombe. Alors que je chute vers le sol. Je vois sortir de derrière les arbres des hommes en combinaisons noires. Les même que ceux que j’ai vu dans les ruines.

Ca y est, je suis face contre terre. Des pieds juste à côté de moi. Du sang qui sort lentement de ma bouche pour ce répandre devant moi. Mes yeux qui se ferment lentement. On me prend par les épaules. On me tiens les bras puis l’on me traîne. Mon pied heurte un caillou. Je ne sens presque plue rien. Mes yeux sont à moitié clos. Autour de moi du sang se met à jaillir. Je tombe par terre, face contre terre à nouveau. Mes yeux se ferment.

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Chapitre 7

Je me réveille encore dans la même chambre. En face de moi se trouve un visage jusque là inconnu. Il me sourit.

Inconnu
Bonjour, ça va ?
Haruka
Oui, enfin je crois. Qu’est-ce qui c’est passé ?
Inconnu
Rien, juste une petite attaque, heureusement que je suis rentré en avance, sinon, tu ne serais plus ici... Tes blessures ne te font pas trop mal ?

Je m’inspecte. Il y a de grands bandages qui m’entourent la taille, j’en sens également un à ma jambe droite.

Haruka
Non, ça va, je ne sens plus rien.
Inconnu
C’est bon signe, tu recouvres vite ta santé. Tu es plutôt robuste pour ta carrure. Quel est ton prénom ?
Haruka
Je me prénomme Haruka.
Inconnu
Haruka ? Joli prénom. Moi je m’appelle Imios. Je suis gardien d’un temple qui se trouve non loin d’ici. Encore heureux que la maison n’ai rien. Sinon grand père nous étriperai. Ce n’est pas vraiment mon grand père, mais comme je n’ai jamais connu les miens, et que je pense qu’il répond très bien à ce rôle, je l’appelle donc ainsi.
Haruka
C’est le grand père d’Arentar, c’est bien ça ?
Imios
Oui, il a peut être l’air vieux et sage, mais c’est un grincheux, une véritable teigne. Mais je pense qu’il sera au petit soins avec toi, tu sera un peu comme ça petite fille.

Il me fait un clin d’œil et me souris de plus belle. Il a les cheveux bleu foncé, ils sont plutôt en bataille. Cette couleur est pourtant inhabituelle, mais elle ne me dérange pas. Ses yeux sont également bleus. Contrairement à Kodji qui porte toujours des costumes noirs et élégants, lui, porte des lunettes de soleil qui sont accrochés à la poche de sa chemise. Celle-ci est blanche, il la garde ouverte. En dessous, il porte un T-shirt noir, avec un pendentif qui arrive au milieu. Il a également un jean bleu foncé. Il est assis à une chaise, le dossier est devant lui et il a un pied en tailleur.

Voyant que je vais bien, il me dit qu’il va peut être retourner voir au temple si avec ces explosions rien n’a été abîmé. Je lui explique que j’aimerais bien l’accompagner pour voir à quoi ressemble ce temple. Je pourrais passer lui rendre visite si j’en ai le temps. Puis il me semble vraiment évident que j’irai le revoir, il m’a l’air si gentil.

Je le suis, on passe à côté de la statue, qui maintenant ne ressemble plus à rien, la moitié haute étant désormais à l’état de gravillons. Le tout un peu noirci tout comme la roche au dessus. Un amas de pierre derrière la statue me fait dire que cette destruction a été provoquée par une explosion. Nous montons les escaliers, Je me retourne une fois arrivée en haut, au milieu de la forêt, une immense clairière apparaît clairement, les arbres autours sont brûlés. Un incendie a dû se déclencher.

Nous arrivons face aux sources, mais là, nous bifurquons à gauche, une centaine de mètres plus tard, nous arrivons au bâtiment. Il n’est pas bien grand, deux petites statues sont situées de part et d’autres de la porte d’entrée. On dirait deux petits monstres volants. Ils ne sont pas bien effrayants et possèdent chacun une petite paire d’ailes ainsi qu’une longue queue serpentine. Ils ont également chacun une faux. Je me demande de quel dieu ces créatures sont elles les gardiens. Elles ne m’inspirent pas vraiment confiance, mais j’ai pourtant l’intime conviction que je n’ai pas à les redouter. Nous entrons dans le temple. Le bâtiment est assez petit en lui-même. Il est également assez nu. En effet à l’intérieur, il n’y a que deux tapisseries assez légères qui pendent au fond de la salle de part et d’autre d’un piédestal. Il semble qu’il y avait normalement un objet sur le piédestal. Mais il aurait disparu, vraisemblablement un collier ou un sabre ou quelque chose comme ça.

Haruka
Il était sensé y avoir un objet là, non ?

Imios ne répond pas il a l’air décontenancé. Il a l’air agité de très légers spasmes. Il ne fait que cligner des yeux rapidement. Je le secoue un peu, lui demande si tout va bien. Il tourne très lentement la tête vers moi, il est terrorisé.

Haruka
C’était un objet important à vos yeux ?

Il se met à ouvrir refermer lentement sa bouche. Puis il s’agenouille par terre et se met à se lamenter :

Imios
Grand père va me tuer... Il va me trucider... Il faut que je le retrouve avant la nuit...

Puis il se met à courir hors du bâtiment et repart à toute vitesse vers les escaliers. Il me crie une dernière phrase en partant.

Imios
Désolé il faut vraiment que j’y aille !

Il me laisse seule ici. Je décide de visiter le coin. Comme Imios est sensé habiter ici, il doit bien y avoir une maison ou quelque chose de semblable pas loin. Je m’approche des deux tapisseries. Et je les regarde, Elles semblent être dans une sorte de langage qui m’est inconnu. L’une d’elle se met à frétiller à cause d’un courant d’air. Je la soulève. Derrière, il y a un passage. Je l’emprunte et j’arrive dans une sorte de salon, avec des coussins et une table basse. Il y a aussi une cheminée. De la je prends à gauche et j’arrive dans ce qui semble être la cuisine.

C’est vraiment très petit ici. Je me demande bien comment Imios peut y vivre continuellement. Il y a également une chambre. Comme apparemment je suis seule pour le moment, je vais aller finir mon bain de la dernière fois. Le ciel est vraiment bleu aujourd’hui. C’est vraiment très agréable de pouvoir se prélasser tranquillement.

Je repense néanmoins au évènement que je vis depuis un certain temps. C’est assez troublant. J’essaie de penser à un moyen dont tous ces évènements pourraient être liés.

Je pense soudain à quelque chose. Il me manque quelque chose, mais je n’arrive pas à mettre le doigt dessus. Après quelques minutes de réflexion, je trouve enfin ce qu’il me manque. Pitchi. Il n’est pas là !

Je ne sais d’ailleurs pas où il a bien pu passer. D’habitude il reste toujours collé auprès de moi. Enfin bref, je finirai bien par le retrouver, ou l’inverse. D’ailleurs, j’ai également perdu le collier que m’avait donné Kodji, celui qui m’avait servi de plan dans la ville, je me demande bien où il a pu tomber. Ca me rend triste, on ne me fait pas souvent des cadeaux, et quand j’en ai, je les perds. Je suis terriblement gênée, je me demande bien comment je vais pouvoir expliqué ça à Kodji... J’espère qu’il me comprendra.

Plus le temps passe, et plus je repense aux hommes en combinaisons noires, ils sont toujours agressifs. A croire que je les menace ou quelque chose comme ça. A chaque fois, je dois fuir. J’aimerais bien sa voir qui ils sont... Je le demanderai à Imios, lui me répondrai sûrement.

Le ciel se couvre. Je vais dans la petite cabane pour me rhabiller. Puis je sors, je me dirige vers le temple, Imios est peu être déjà rentré. Qui sait ?

Il se met à pleuvoir. Le ciel gronde et des éclairs apparaissent au fur et à mesure que je marche. J’arrive devant le temple en courant. Mes vêtements commencent à être trempés. Un détail m’échappe cependant, comme si il manquait quelque chose à l’image que je me faisais du temple... J’ai trouvé ; Les deux petites statues qui gardent le temple, elles ont disparue. Avec ce ciel noir je ne distingue plus grand-chose. Il doit sûrement être du au départ de ces deux créatures, ou bien d’autre chose. Est-ce à cause de cela que Imios c’est tant inquiété ?

Le tonnerre gronde toujours, je rentre dans le temple puis dans la maison. Je fais chauffé de l’eau pour préparer du thé. Ca me réchauffera, et puis je vais aussi en préparer pour Imios, si il rentre, ça serait la moindre des choses en remerciement de son hospitalité. Je m’installe dans une couchette que je déplace près de la cheminée. Je mets mes vêtements à sécher. Je grelotte, j’ai froid. Mais malgré la présence du feu et de la couverture, j’ai du mal à me réchauffer. J’ai peur de cet orage. Il ne m’a pas l’air franchement naturel.

Après quelques heures, l’orage est passé, je m’étais assoupie. Je remets mes vêtements et retourne au chalet où Kodji et Arentar doivent m’attendre. En suivant le chemin, je vois des arbres couchés, coupés, cassés. Ils forment un véritable sillage, comme si un véhicule était passé à travers la forêt, sauf que les arbres sont pliés dans tellement de sens différents, que je doute que quelque chose d’humains ait pu faire ça.

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Chapitre 8

J'arrive devant la maison, il se remet à pleuvoir, je rentre. A l'intérieur, Kodji et Arentar discutent autour d'un café. Il y a également un vieux personnage, lui est habillé de vêtement miteux; Il porte une sorte de longue robe avec capuche et il possède une longue canne en bois qui s'enroule sur elle même. Il n'a pas de barbe, mais deux longues moustaches qui descendent chacunes au moins de dix centimètres. Je suis sûre qu'il s'agit du grand père. Il a l'air très sérieux et me jette un regard noir. Mais au bout de quelques secondes il se met à me faire un grand sourire et à me dire bonjour, me demander si tout va bien, si Arentar et Kodji ne sont pas trop méchants, comment ils se comportent. Au fil de la conversation, je me mets à le trouver adorable.

Il est vraimlent charmant et me pose beaucoup de questions sur moi, mes goûts, mais au fond, je sens qu'il est extrèmement sérieux et inquiet à cause de quelque chose.

Je leurs demande si ils ont vu Imios, ils m'ont répondus qu'il n'était pas encore rentré. Je me demande ce qu'il est parti chercher, je suppose que ça a un rapport quelconque avec l'objet qui manquait dans le temple. D'ailleurs je me demande bien ce qu'il peut y manquer. Sûrement un objet très précieux, un objet qui appartient à la famille je dirais. Il doit être vraiment ancien.

La pluie ne cesse de prendre de l'ampleur. En fait le temps en général s'est dégradé vraiment très rapidement ces derniers temps. Je ne saurais dire si c'est vrai ou pas, mais je suis sûre que c'est magique, sûrement un maléfice, ou bien alors une malédiction peut être?

Le grand père ne cesse de me demander mes préférences entre divers choses, c'est assez déroutant car certaines choses sont dénué de sens, enfin de mon point de vue. Je ne sais pas si le fait que je préfère les renards au mouches est important, mais bon, ça a l'air de l'intéresser, tout comme un bon nombre de choses toutes aussi diverses que variées.

Je finis enfin par avoir la possibilité de lui demander son nom! Il s'appelle Chandari. Il refuse de me dire son âge. Je ne sais pas trop pour quels motifs, ou bien il est trop vieux et en a honte, ou encore il aurait honte de son physique par rapport à son âge, ou bien il est trop vieux pour normalement être encore en vie. Mais sa réponse reste un sourire géné avec un petit rire et un grattage de tête. Au fond de moi je ne sais pas mais je le pense quand même très vieux. Sûrement environ cent cinquante ans. Ca ne devrait pas être possible normalement, mais tout ce qui est lié de prêt ou de loin à Arentar et Kodji a pour moi une évidente liaison avec la magie, noire ou blanche, il me reste encore à le découvrir, même si là encore mon avis serait plutôt pour la magie blanche.

Puis au fur et à mesure, la conversation diminue, il y a comme des blancs, on ne sait plus quoi dire. Et il finit par se lever de table en prétextant qu'il va aller au temple pour voire si Imios fait bien son travail. Cela fait pour moi un choc de le voir se lever, je le pensais relativement trappu, mais je me rends compte que c'est parce qu'il était penché en avant. Toujours est il que maintenant, je le trouve vraiment grand, très grand... Il doit faire dans les deux mètres environ, il est très fin et ses mains sont immenses. Son bâton pourrait presque lui servir de canne, d'ailleurs c'est l'usage qu'il en fait. Il rabbat sa capuche sur la tête avant de sortir dehors, l'eau a formé vraiment une véritable mare dehors, si il continu à pleuvoir, je pense que la région sera bientôt inondée.

Il fait presque nuit je vais me coucher, Pitchi n'est toujours pas revenu. Je me demande bien ce qui lui a pris. Ou alors il lui est peut être arrivé quelque chose? Ca m'inquiète un peu. Peut être que je ne le reverrai plus. Je l'aime tellement, ça me rends triste de penser à ce genre de choses. Je m'endors, je tombe de fatigue, je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours l'impression d'être à bout de forces en ce moment.

Je me réveille, le mauvais temps est finit, je n'entends plus battante la pluie marteler le toit. Je me redresse, je me demande bien l'heure qu'il peut être. Sûrement très tôt, mais je garde comme une sensation étrange. C'est comme si tout ce qui m'entourais avait quelque chose de flou. Je me sens vraiment bizarre. Dehors, sur le balcon, j'aperçois comme une lueure argentée, je me demande bien ce que cela peut être. Je me lève. J'ai du mal à marcher, je ne sais pas pourquoi, en fait tous mes mouvements sont plus ou moins obstrués.

Je sors dehors, je suis à deux mètres d'une étrange personne. Elle est habillée tout en noir, avec une grande veste, en fait se sont ses seuls vêtements visibles. Elle se boutonne sur le côté gauche et possède une ceinture. Les cols sont très relevés. Cette personne possède également un immense chapeau, un peu comme un chapeau de sorcière, mais dont le cône aurait été coupé en deux et légèrement arrondit pour convenir à la forme de la tête. Elle porte deux fourreaux d'épée sur sa hanche gauche, les lames sont longues et fines. Ses mains sont croisées dans son dos, et sa tête est levée vers la lune.

Je m'approche encore le plus silencieusement possible. Elle a repéré ma présence et se tourne vers moi. Ce personage porte un masque blanc sur son visage et le recouvre complètement. Il y a un motif noir dessus, au lieu d'un oeil droit, on a un point d'interrogation mais avec un point au centre de la boucle qui se trouve à l'endroit exact de l'oeil: sur l'autre oeil on a juste un point plus gros celui-ci. Le personnage pose un genoux à terre, pose son poing sur le sol. La tête baissée, il se met à me dire une phrase dont je ne vois pas la finalité, c'est comme si il répondait à quelque chose que je lui avais ordonné.

Inconnu masqué
Bien votre seigneurie. Votre volonté sera faîte.

Et sur ces mots, il se met à bondir vers les arbres, et en un peu moins de deux secondes, il a disparu à ma vue. Je reste quelques temps à regarder le ciel, on voit vraiment bien les étoiles, puis je remarque comme un détail: en l'espace d'une trentaine de secondes, je vois une dizaines de secondes, je vois une trentaine d'étoiles filantes passer, puis leur nombre s'intensifie, elles sont de plus fréquentes. Elles semblent toutes converger dans une seule direction, comme si elle comptaient toutes s'écraser vers un seul endroit. Je sais maintenant que se ne sont pas des étoiles filantes, mais qu'est ce que ça peut être? Peut être bien un rêve, tout comme ce drôle de personnage. Je préfère aller me recoucher. Kodji devrait pouvoir m'expliquer, enfin du moins j'entends qu'il me donne une explication, car ça fait quand même beaucoup de choses qui me restent inexpliquées, et j'espère bien découvrir le sens d'une partie de ses choses. Ils ne m'ont pas encore parlé de magie, mais je sais bien que certaines choses dont j'ai été spectatrice ne peuvent pas être de ce monde...

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Chapitre 9

Au réveil j'étais un peu dans les vapes, j'ai eu du mal à me réveiller, mais bon, le soleil me faisait mal aux yeux et donc je n'ai pas vraiment eu le choix. Mais maintenant ça va un peu mieux, je finis mon café tout en me demandant de quelle manière j'aborderai le sujet. Je préfère éviter d'aborder directement le sujet, je me sentirai vraiment mal à l'aise, et j'aurai peur qu'ils se sentent agréssés.

Je me lance:

Haruka
J'ai fais un drôle de rêve hier soir, d'ailleurs je me demande encore si c'est un rêve...
Kodji
Quoi donc?
Haruka
Et bien en fait j'ai vu sur le balcon un homme bizarre, en noir, avec un chapeau et un masque...

Arentar manque de s'étoufer en buvant son café.

Kodji lui reste sérieux et garde son petit sourire si craquant.

Kodji
Et donc, tu lui a parlé?
Haruka
Oui, enfin non, c'est assez étrange, je n'ai rien dit, mais il m'a répondu puis a disparu.
Kodji
Comment ça répondu? Tu es sûre de ne rien avoir dit? Ou même pensé?

Maintenant le visage de Kodji devient impassible et sérieux, ses cheveux sont plus hérissés que jamais, Arentar lui écoute avec un air intrigué.

Haruka
Bah non, enfin je n'ai rien pensé qui méritait une réponse. Peut être bien que ce n'était pas à moi qu'il s'adressait!
Arentar
Je pense aussi, me répond Arentar. Dans les rêves, tout est étrange.
Haruka
Parce que la réalité ne l'est pas peut être? Après tout ce que j'ai vécu, vous n'allez tout de même pas me faire croire que rien n'est magique ou autre chose de ce genre?

Je lui réponds avec un sourire en coin. Kodji baisse la tête et se met à rire.

Kodji
Tu as sûrement vu la pluie d'étoile filante hier soir, non?
Haruka
Oui pourquoi? Tu en sait plus sur ça aussi, comme sur beaucoup d'autres choses, non?
Kodji
La zone où ces étoiles sont tombées étaient une ville humaine. Elle a été dévastée. Tu te souviens de ton escapade? De la grande hémisphère orange et de ces ruines qui l'entoure. Et bien c'est ce à quoi ressemble désormais toutes les dernières villes de l'humanité. Enfin ce qu'il reste de ces villes. Désormais elle ne dépasse plus les cinq millions d'habitants chacune, et il en reste assez peu. Même Tokyo a, à l'époque, été réduite à trois millions d'habitants. Mais elles n'en restent pas moins puissantes. Tout ces soldats que tu as vu en combinaisons, eux aussi sont des humains comme toi, et ils sont assez comment dire... belliqueux.
Haruka
Mais qu'est ce que vous êtes alors?
Kodji
Tu te souviens de la première fois que tu nous as vu, tu nous as pris pour des anges? Ton cerveau en murissant c'est peu à peu pris à l'idée que nous étions humains car nous vivons après tout de la même manière, mais bon, en effet nous ne sommes pas humains et il serait je pense mal placé que je t'explique qui nous sommes, tu n'aurais pas assez de connaissances pour réellement t'imaginer notre véritable nature.

Arentar reprend la parole.

Arentar
Mais donc pour en revenir aux étoiles filantes qui ont détruit cette nuit la ville de Paris, ces étoiles sont en réalité des anges, venus du fin-fond de l'univers... Enfin pas vraiment du fin-fond, ils étaient à côté mais bon, toujours est-il qu'ils viennent de ré-envahir la Terre.
Haruka
Ré-envahir? Ils l'ont déja fait?
Arentar
Bah oui, plein de fois même, tu as entendu parlé de l'Armageddon? Le combat de Dieu contre Satan? C'est bien réel, Satan fut enfermé en enfer et ce pour une durée de je ne sais exactement combien, mais un certain temps. La ville où nous étions est la ville où le ciel et la Terre sont réunis. Tout le monde s'y côtoie, il y a des représentants de toutes les races. Aussi bien anges que démons et humains. Ne t'imagine pas les démons comme des créatures monstrueuses ne connaissant que le chaos, ils ont eu par le passé beaucoup plus de facilitées à s'adapter au monde humain que les anges. Quand tu était encore une enfant, les démons et les anges sillonaient le monde dissimulés à travers la population sous des traits humains. Mais en fait le plus simple serait avant tout de t'expliquer tout ce qui c'est passé tandis que tu hibernais. La Terre a subi l'invasion d'une sorte de créature mi-végétale, mi-animale, une espèce d'alien parasitant la population et toute forme vivante. Ce phénomène a commencé à New-York, il y est tombé une météorite qui contennait le germe qui donna la vie à cette espèce, détruisant tout sur son passage. La riposte nucléaire s'effectua sous trois jours, mais les bombes n'ont pas détruit le noyau, et n'a eu que pour effet de ralentir l'extension du phénomène. Mais les avancées de la technologie humaine leurs permirent de créer ces sphères oranges autour des plus grandes villes. Elles détruisent à peu près tout ce qui rentre en contact avec. La situation est donc réstée en suspens quelques années, puis je ne sais comment les hommes sont allés à sept endroits du globe et y ont lancé pour chaque lieux une invocation qui a eu pour résultante l'appraition d'une des sept légions infernales. Puis la nouvelle s'est répercutée dans l'univers, les anges ont débarqué, bla bla bla, une grosse guerre a suivi, puis chacun est rentré chez soi après la construction de la fameuse ville. Les aliens ont été presque totalement éradiqués, mais leur présence reste non-négligeable. Certains humains ont également rallié cette ville, tous ceux qui étaient en total désaccord avec l'invocation des démons, enfin ceux qui ont survécu à leurs semblables et voilà! C'est tout!
Haruka
Mais ça à duré combien de temps?
Arentar
Oh ! Vingt-cinq années.
Haruka
Mais donc moi, je n'ais pas dormi une dizaine d'années n'est-ce-pas?
Arentar
Physiquement si, mais comme je te l'ai dit, tu as en quelque sorte hiberné, le vieillissement de ton corps a été ralenti. Et donc de ce fait, tu ne te réveille pas avec cinquante ans dans les dents, je pense que ça t'aurait fait un choc vraiment plus net.

J'essais de comprendre tout ce qu'implique ce que l'on vient de me dire. Je ne saisis pas pourquoi les humains cherchent tant à me sauver, sûrement veulent-ils seulement rassembler les gens du même peuple. Il y avait une trève entre les peuples, mais apparement les anges viennent d'attaquer une ville humaine, cela voudrait donc dire que la guerre reprend et que les anges ne considère pas vraiment les humains comme les enfants de Dieu. Ou plutôt que Dieu renie sa création. Mais néanmoins je me surprends du peu de réaction que je fais à apprendre des nouvelles pourtant si effrayantes.

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Auteur: Arentar